La semaine dernière, j'ai lu sur internet que des chercheurs ont mis au point un mini drone pour polliniser les fleurs. Cette technique a été imaginée pour compenser la baisse des insectes pollinisateurs. Est-ce possible et que faut-il en penser?La pollinisation
La pollinisation des fleurs consiste à transporter du pollen produit par les étamines (organe reproducteur mâle d'une fleur) vers le stigmate (organe reproducteur femelle) d'une fleur. Ce transport se passe le plus souvent naturellement par des insectes pollinisateurs (pollinisation entémophile) ou par le vent (pollinisation anémophile).
Il existent des fleurs qui possèdent les deux organes reproducteurs, chez d'autres, ils sont placés sur des fleurs différentes et chez d'autres encore sur des arbres différents.
Comment se passe la pollinisation par les insectes?
Quand une abeille visite une fleur, les grains de pollen qui sont légèrement collants vont adhérer aux poils de l'abeille. Quand elle sera au contact d'un stigmate, le grain sera déposé et la fleur sera fécondée et donnera ainsi naissance à un fruit.
Une abeille peut visiter 250 fleurs par heure. Pour polliniser un verger , il faut plusieurs ruches avec cinquante a soixante mille abeilles par hectare de verger. Une des caractéristiques de l'abeille est de butiner sur une journée toujours des fleurs de la même espèce: rien que du pommier ou du cerisier ou du colza. Cette caractéristique est un facteur positif pour la pollinisation.
La baisse du nombre d'abeilles qui est constatée partout dans le monde est problématique. Si vous voulez en savoir plus, lisez l'article sur les difficultés des abeilles et la façon des les aider.
Un drone pour polliniser les fleurs
Les scientifiques ont imaginé de construire un petit drone pour assurer la pollinisation des fleurs. Cette solution a même été testée en laboratoire. Il est vrai sur une fleur de lys qui est large et facile d'accès.
Il reste cependant de nombreuses difficultés à surmonter.
La taille du drone
Pour polliniser de petites fleurs telles que celles des fruitiers, il faut encore miniaturiser encore plus le drone ce qui n'est pas évident pour l'amener à la taille d'une abeille tout en lui conservant la maniabilité.
La technique
Le mouvement de pollinisation est complexe. Regarder une abeille au travail. Si elle vole rapidement de fleur en fleur, elle s'immobilise en vol stationnaire ou se pose carrément sur la fleur. Cette très grande mobilité devra être acquise par le drone. Le drone devra aussi être capable de collecter les grains de pollen et ensuite, de les déposer au bon endroit sur la fleur femelle.
Le vol
Enfin, le drone devra pouvoir être muni de mini caméras pour reconnaitre les fleurs, se diriger et ne pas revenir sur une fleur déjà visitée. Un niveau d'intelligence sensorielle et une mobilité loin d'être acquise. En effet, le drone doit féconder une fleur femelle de pommier avec du pollen de pommier et pas d'une autre espèce. Il doit donc acquérir des connaissances botaniques pour bien remplir son effet. Je ne doute pas que la science pourra y parvenir mais à quel coût?
L'automatisme
Finalement et ce n'est probablement pas le plus simple, le drone devra être automatisé. Je n'imagine pas qu'il y ait un pilote pour chaque drone butineur. Cela réglerait sans doute les problèmes de chomage mais rendrait le coût de l'opération prohibitif.
Le coût
Un drone aussi évolué devra avoir la même mobilité qu'une abeille. Il faudra aussi que son prix de revient soit extrêmement bas pour concurrencer les insectes. Dans une ruche, il y a 30.000 butineuses. Même si le prix de revient est abaissé à 50 cents, cela fait encore quinze mille euros d'investissement pour faire le travail d'une ruche. Comme on le voit la rentabilité de l'opération est loin d'être assurée.
Conclusion:
L'analyse sommaire ci-dessus indique que autant techniquement qu'économiquement, il est difficile d'envisager une solution artificielle à la pollinisation des fleurs par un drone. L'idée est peut-être séduisante mais il faudra encore quelques années pour la rendre réalisable.Nos chères abeilles ont donc encore de beaux jours pour autant que l'on sauvegarde l'environnement. Pensons-y.
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