jeudi 23 mars 2017

Le mois d'avril au rucher

Cerisier en fleurs

En avril la température continue à se réchauffer. On peut aussi espérer des périodes de beau temps et les premières miellées. Ce n'est pas encore la période d'essaimage mais il est temps de prendre en fin de mois certaines mesures pour réduire le risque de fièvre d'essaimage. Apprenez-en plus dans l'article suivant.


La pose de la première hausse

La pose de la première hausse reste toujours un moment délicat. Le plus important est de déterminer le moment de la pose de la première hausse. Comme pour l’agrandissement du corps en mars, la question à résoudre est de donner du volume à la colonie pour ne pas bloquer son développement tout en évitant de refroidir la colonie en plaçant la hausse trop tôt.


Les éléments à observer sont :
  • la force de la colonie
  • les floraisons à venir
  • les prévisions météo
  • la température extérieure
Si la force de la colonie est insuffisante, il vaut mieux continuer à agrandir le nid à couvain. Si vous n’avez pas assez d’abeilles, celles-ci ne monteront pas dans la hausse.

Si les floraisons n’ont pas lieu, il n’y aura pas de miellée et il est inutile de poser une hausse qui n’apportera qu’une source de refroidissement et le risque de perdre une partie du couvain.

Ne placez pas de hausses si les prévisions météo sont maussades. Même si les floraisons sont présentes, les abeilles ne sortiront pas par temps pluvieux ou si la température est trop basse. Attendez des prévisions plus favorables pour mettre votre hausse.

La température extérieure, surtout la nuit est aussi un élément important. S’il fait trop froid, les abeilles ne monteront pas dans la hausse. Tout ce que vous obtiendrez en plaçant la hausse trop tôt est de refroidir la ruche.

Dans la ruche, un signe peut indiquer que la colonie est à l’étroit : le blanchiment du haut des cadres. Quand vous observez que les abeilles bâtissent entre le haut de cadres et le couvre-cadres, c’est qu’elles manquent de place. Selon les éléments indiqués plus haut vous devez choisir entre agrandir le nid à couvain ou placer la hausse.

Enfin, pour déterminer le meilleur moment pour placer la hausse, l’observation des floraisons est très utile. Dans ma région par exemple, la fin de la floraison des cerisiers est considéré comme le moment propice. Discutez avec des apiculteurs expérimentés de votre région qui seront certainement fiers de partager leur savoir avec vous. Attention, la floraison n’est pas le seul facteur déterminant. Pensez aussi à la force de la colonie, aux prévisions météo et à la température extérieure.

Le truc du papier journal

Sur une Dadant, la hausse équivaut à la moitié du volume du corps de ruche. Vous imaginez la source de refroidissement si vous placez la hausse trop tôt.

Si vous hésitez, l’astuce suivante peut vous aider. Placez entre le corps de ruche et la hausse, une feuille de papier journal. Si les abeilles manquent de place, elles détruiront le journal qui tombera sur le tiroir à déchets. Au contraire, si elles n’ont pas besoin de plus de place, le papier sert d’isolant entre le corps et la hausse.

Constituer des ruchettes

Après la pose de la première hausse, la deuxième activité du mois d’avril va être de constituer des nucléi. A cela, il y deux motivations :
  • agrandir votre nombre de colonies
  • éviter la fièvre d’essaimage.
Deux apiculteurs faisant une division
En effet, le développement des colonies est important et même si vous placez une ou plusieurs hausses sur vos colonies, il faut à un moment prélever des cadres dans les colonies. C’est bénéfique pour les abeilles car en les faisant travailler vous les dissuadez d’essaimer. C’est aussi bénéfique pour la santé de la colonie car en renouvelant les cadres vous éliminez les vielles cires. Il est recommandé de renouveler un tiers des cires chaque année.

Quelles sont les conditions pour créer de bonnes ruchettes ?

A mon sens, trois conditions sont indispensables :
  • une bonne miellée
  • suffisamment d’abeilles
  • une excellente isolation de la ruchette
Prévoyez une ruchette en bon état avec une partition bien isolante. Au minimum, il faut trois cadres dans le nucléus ainsi constitué. Un cadre de couvain naissant, un cadre de couvain operculé et un cadre de nourriture. Ajoutez les abeilles d’un cadre non operculé pour avoir un bon nombre d’abeilles. L’idéal est de mettre la ruchette fermée en cave pendant trois jours pour que les abeilles perdent leur sens de l’orientation et ne retournent pas à leur ruche d’origine. Cette mise en cave s’appelle la mise en pénitence de la ruchette.

Les trois cadres peuvent venir de colonies différentes. C’est même conseillé pour ne pas trop affaiblir les colonies pourvoyeuses. Dans celles-ci vous remplacez le cadre prélevé par une cire gaufrée.
Ces nucléi ne contiennent pas de reine si vous avez bien fait attention de laisser les reines dans les colonies de départ. C’est ce que je vous recommande pour éviter d’affaiblir vos ruches de production en leur imposant un remérage.

Vous avez le choix de laisser les nucléi se remérer naturellement ou de leur fournir une jeune reine. La production de reine ne fait pas partie de ce livre et ne sera donc pas abordée à ce stade.

Remérage avec une cellule royaleRemérage naturel

Laissez faire la nature. Les abeilles quand elles constateront qu’il n’y a pas de reine vont construire des cellules royales qui écloreront au bout de 18 jours c’est dire dans environ 13 à 14 jours, car les larves ont déjà minimum quatre jours (3 jours au stade œuf et au moins un jour au stade de larve). Vous pouvez détruire une partie des cellules en n’en conservant que deux par ruchette.

Abeilles sur cadreNoter bien la date prévue d’éclosion et surtout laisser la ruchette dans le calme. Ne visitez que huit à dix jours après l’éclosion. Les jeunes reines sont farouches. Attendez qu’elles soient fécondées et en ponte. Après ces dix jours vous devriez constater des œufs si tout c’est bien passé.

Dans le cas contraire, donnez encore un peu de temps à la reine. Si après dix jours supplémentaires, il n’y a pas de ponte c’est que l’élevage ou la fécondation s’est mal passé. Faites une réunion avec un autre nucléus.

Si vous voulez aller plus loin dans les opérations à effectuer au fil des saisons, je vous conseille L'Apiculture Pratique au fil des mois. Pour commander maintenant le livre en version papier ou en version électronique.
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8 commentaires:

  1. Bonjour,
    Ce printemps, j'ai des colonies assez fortes (6 à 7 cadres de couvain, principalement fermé). Tout ceci va exploser d'ici 10 jours, surtout avec la météo prévue.
    Question : dois-je faire un essaim artificiel en prélevant des cadres (ce qui fera que la ruche sera devenue trop petite pour poser une hausse qui, sans ponction de cadres serait indispensable) ou dois-je poser la hausse d'abord, au risque que la colonie essaime prochainement malgré la hausse...?

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    1. Bonjour, je n'ai pas vu les colonies et il est difficile de faire une réponse précise. Il y a cependant plusieurs actions à entreprendre.

      1. Si la météo est bonne, ce que vous semblez dire, je poserais les hausses. Relisez l'article sur le sujet. Cela donne de l'espace à la colonie, surtout si le corps est encombré de nectar. Voir les signes de la colonie donnés dans l'article.

      2. Au vu de la majorité de couvain fermé, il est probable que la reine est bloquée dans sa ponte. Je retirerais un cadre par colonie pour constituer des nucléis. Le cadre retiré est remplacé en bordure du couvain par une cire gaufrée.

      3. Un nucléus est composé d'un cadre de couvain fermé, d'un cadre de couvain avec des très jeunes larves pour permettre l'élevage royal et d'un cadre de réserve.

      Cela va légèrement diminuer le développement des colonies mais permettra à celles-ci de se développer sans essaimage et de récolter du miel.

      En espérant avoir pu vous aider, je vous souhaite une excellente saison apicole.

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  2. Oui merci.
    Je suis content de constater que vos préconisations correspondent à ce que je comptais faire, c'est à dire prendre un cadre ci et là tout en posant la hausse.
    Ils annoncent 23°C la semaine prochaine et le colza a commencé à fleurir le WE dernier. Ajoutez à cela les pommiers, cerisiers, érables, pissenlits et autres, je n'ai aucun doutes sur la capacité des colonies à se requinquer après ces ponctions et l'ajout de la hausse..
    On verra bien!
    Merci,
    Flo

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    1. Parfait et bonne continuation. Je suis heureux d'avoir pu vous aider.

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  3. Bonjour, Que penser d'un essaim qui en fevrier affiche une belle activité avec rentrée de pollen des qu'il fait beau, mais se retrouve fin mars avec juste une centaine de butineuses et des cadres de miel, sans couvain ni reine ?

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  4. Bonjour,

    À distance, il est difficile de poser un diagnostic. Il y avait probablement du couvain en février puisque la colonie rentrait du miel.
    La chute brutale de la colonie fait plutôt penser à une perte due au varroa. Pouvez-vous indiquer quels traitements ont été pratiqués et à quelle période.

    Je recommande la lecture du livre "Techniques de lutte contre le varroa" qui indique comment traiter et pas seulement avec des produits chimiques et les moments les plus appropriés.

    https://unrucheraujardin.blogspot.com/2019/02/techniques-lutte-contre-varroa.html

    Les pertes de colonies au printemps font malheureusement partie de l'apiculture mais peuvent être combattues.

    Cordialement

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  5. Bonjour,et merçi, les traitements; bandelettes apivar en juillet et acide oxalique en janvier. Sur le plateau aucun cadavre à part les butineuses la colonie semble volatilisée.
    cordialement.

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  6. Bonjour,

    Aujourd'hui l'apivar n'a plus la même efficacité qu'à son lancement. Je préfère l'encagement de la reine pour provoquer un blocage de ponte et pouvoir traiter à l'AO en été.

    La volatilisation de la colonie fait penser à une intoxication par un neuro-toxique qui provoque une perte d'orientation des abeilles qui ne peuvent plus revenir à la ruche. En début de printemps , c'est fatal pour la colonie qui s'effondre.

    Courage, n'abandonnez pas.

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