samedi 10 février 2018

Pourquoi être apiculteur en 2022?

Pourquoi devient-on apiculteur aujourd'hui?

Les motivations d’un apiculteur sont multiples et peuvent d’ailleurs évoluer au fil du temps. Je vous propose d'examiner ensemble ce qui motive cette passion pour l'apiculture.

Mis à  jour le 27 décembre 2021

Désir de comprendre


La première motivation et sans doute de vouloir comprendre un monde que l’on ne connaît pas : celui de l’abeille. On a tous quelques connaissances de l’abeille apprises durant sa jeunesse mais entre une connaissance superficielle et savoir comment on conduit un rucher au quotidien, il y a un monde de différence.

C’est cette frontière que j’avais envie de franchir sans trop savoir où je mettais les pieds. Quand j’ai vu qu’un cours d’apiculture s’organisait dans ma commune, j’ai immédiatement pris contact et j’ai eu la chance de tomber sur une personne passionnée qui a répondu à toutes mes questions et s’est déplacée chez moi pour examiner la possibilité d’installer un petit rucher dans mon jardin.

Les premiers cours m’ont littéralement enthousiasmé et j’en revenais avec pleins de nouvelles notions. J’avais découvert un monde insoupçonné et j’étais comblé par sa nouveauté.

Ensuite est venu le moment d’ouvrir une ruche et d’être confronté aux abeilles. Tout fiers dans nos nouvelles combinaisons d’apiculteurs, nous étions quand même un peu anxieux. Tout c’est très bien passé et je garde un excellent souvenir des odeurs exhalées par la ruche, du bruissement des abeilles, de la beauté de ce qui était montré : le couvain ouvert, fermé, les œufs, le miel operculé, la découverte de la première reine …

L’étape suivante est avoir sa propre colonie, d’abord au rucher-école et ensuite chez soi. L’apprentissage se fait pas à pas, encadré par des apiculteurs chevronnés avec la mise en pratique des notions théoriques apprises au cours.

Découverte de la nature


Le deuxième aspect qui apparaît c’est une vision différente de la nature. J’étais déjà attiré auparavant par la nature et avais un intérêt pour la faune et la flore avec une prédilection pour les oiseaux. En fait plutôt que de découverte de la nature, je devrais écrire re-découverte de la nature.


Quand on a des ruches, on devient beaucoup plus attentif au déroulement des saisons et à la succession des floraisons. On y détecte les signes sur base desquels certaines tâches sont à réaliser au rucher. La floraison des cerisiers est synonyme de pose des hausses et la grande floraison des pissenlits est très souvent annonciatrice de la fièvre d’essaimage.

On devient aussi plus sensible à la perte de bio-diversité et aux interactions entre apiculture et agriculture.

Se piquer au jeu


Quand je dis piquer, c’est sans jeu de mots, car il n’y a pas d’apiculture sans piqûres.

Ne nous leurrons pas l’apiculture n’est pas un hobby facile. Il y a tout d’abord les piqûres. Ce n’est pas le plus grave. Souvent, trouver un emplacement pour ses ruches est aussi un problème, car la taille des parcelles va en s’amenuisant et les règlements communaux sont souvent restrictifs.

Enfin, l’apiculture est une discipline qui prend un peu de temps mais surtout où certaines tâches à accomplir doivent impérativement être réalisées au bon moment. Ce n’est pas toujours facilement conciliable avec une vie professionnelle et familiale.

Les débuts ne sont pas toujours faciles, car l’on maîtrise encore imparfaitement la technique et les erreurs se payent cash notamment en matière d’essaimage. Cela apporte parfois du découragement qu’il faut parvenir à surmonter.

Heureusement les satisfactions sont grandes.

Aider une espèce en difficulté


C’est un aspect de l’apiculture que l’on ne prend pas en compte au début. Pourtant, il ne fut pas voir peur de le dire, si les abeilles ne sont pas une espèce en voie de disparition, elles sont quand même en grande difficulté.

Aujourd’hui, il n’existe plus de colonies sauvages. Sans les apiculteurs, les abeilles disparaîtraient rapidement.

Les apiculteurs ont un grand rôle à jouer dans le maintien de l’abeille et la préservation de son rôle en tant que pollinisateur.

Rencontrer des gens passionnés


Le milieu de l’apiculture est très diversifié. En général, des gens ultras passionnés. S’ils ne l’étaient pas, ils auraient déjà abandonné depuis longtemps.

L’apiculteur est souvent curieux et recherche de nouvelles méthodes et techniques. C’est une activité qui est toujours en évolution face à des contraintes grandissantes. Je ne m’y attendais pas, car on aurait tendance à croire que vu l’âge de l’abeille - 80 millions d'années - tout était connu sur la façon de la traiter.

Maintenant, on ne peut pas généraliser, certains utilisent des méthodes empiriques, voire jouent aux apprentis sorciers. Ils ne durent pas car l’apiculture ne permet pas l’à peu près. Au contraire, la rigueur est nécessaire.

Le milieu de l’apiculture est aussi très divers. On y rencontre des gens de tous âges, des hommes, des femmes, des gens de tout milieu. Ajouté à la passion qui les anime, cela crée un univers très coloré, vivant et enthousiaste.

Le capital-sympathie de l’abeille


Quand vous annoncez à vos amis que vous suivez des cours d’apiculture, vous percevez assez vite que les gens vous regardent avec une curiosité mêlée d’étonnement et aussi un peu d’effroi.

Cadre de miel désoperculé

Une fois que vous récoltez un peu de miel, vous en faites profiter la famille et les amis. Cela génère plus de questions. Étant passionné, vous jouez le jeu et racontez. Tout y passe : l’essaimage, le vol nuptial, le nombre d’abeilles, la façon de récolter … Vous sentez l’intérêt et l’on vous voit un peu moins comme un farfelu.

Si au bout d’un certain temps, vous parvenez à augmenter la quantité récoltée, vous commencez à vendre un peu de miel et là, vous avez des contacts avec un public qui recherche un produit naturel.

Immédiatement, vous percevez la sympathie que suscite l’abeille. Et les questions fusent. Certaines basiques, d’autres plus nuancées. Toujours revient : où sont vos ruches, comment vont vos abeilles ?

Ce contact avec le public fait partie des satisfactions que j’ai retirées de l’apiculture. Un besoin d’expliquer, de partager. D’où par la suite un site sur l’apiculture et un livre pour toucher un plus grand nombre.

Réfléchir à la bio diversité


Cela semble sans doute pompeux, voire intellectuel.

Un des problèmes de l’abeille est sans doute cette baisse de la diversité. Notre environnement de plus en plus urbanisé avec des jardins et des pelouses n’offre plus la diversité des fleurs qualifiées de «sauvages».

Dans les environnements agricoles, les cultures intensives avec utilisation de pesticides n’aident pas les abeilles et déciment leurs populations.

Pourtant la diversité est la richesse de l’avenir. Ce qui disparaît ne reviendra plus. Chaque fois qu’une espèce disparaît, qu’elle soit végétale ou animale, c’est la vie qui se rétrécit.

L’abeille en souffre.

L’abeille est aussi un pollinisateur de qualité. À ce titre, elle doit être protégée, soutenue. Elle participe à la pollinisation de 60 % de ce que l’agriculture produit. Elle butine indistinctement les variétés agricoles, les arbres, les fleurs sauvages ou de jardin. De cette façon, elle propage la biodiversité.
Abeille sur fleur jaune

Elle doit donc être doublement préservée : pour elle-même mais aussi pour son pouvoir multiplicateur de la flore et des espèces qui en dépendent.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur l'apiculture, je vous invite à découvrir le livre destiné aux non apiculteurs : L'Apiculture racontée aux amoureux de la nature. Il répond en termes simples aux questions que le grand public se pose sur l'apiculture.

Autres livres destinés aux apiculteurs.


Et vous, témoignez de ce qui vous motive.

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