mardi 14 janvier 2020

La ruche-tronc, une ruche écologique et naturelle

La ruche tronc est une des plus anciennes ruches utilisée dans nos régions avec la ruche tressée en paille. Elle est une ruche très naturelle, écologique copiée directement de la nature où des essaims d'abeilles colonisaient des arbres creux. Les anciens ont en fait simplement imité la nature. Pour savoir comment cela marche et comment en fabriquer, lisez l'article suivant.
   Mis à jour le 27 juin 2021      

La ruche-tronc


Pour comprendre le principe de la ruche-tronc, il faut remonter le temps avant l'apparition des ruches à cadres mobiles au 19 ème siècle. A cette époque, les ruches étaient fabriquées par l'homme avec des matériaux simples dont ils disposaient aisément. Les deux principales techniques mises en oeuvre étaient les ruches en paille et les ruches troncs.

Le principe de la ruche-tronc est simple et découle certainement de l'observation des essaims qui avaient trouvé un abri dans un arbre creux.

L'idée a du ainsi germer de récupérer un tronc d'arbre, de l'évider et d'y loger une colonie.

En quoi une ruche-tronc est-elle écologique?

Le volume

Les études menées sur les colonies vivant dans des troncs d'arbre indiquent que le volume idéal est entre 20 et 30 litres. Si vous comparez cette mesure à une dadant dont le corps représente 55 litres et dont le volume peut monter à 110 litres avec deux hausses en été, on comprend facilement que la gestion de la température et de l'humidité sera plus facile dans une cavité au sein d'un arbre.

l'humidité

L'humidité au sein de la ruche tronc sera plus homogène car l'intérieur de l'arbre pourra capter tout excédent d'humidité et rendre celle-ci à la colonie en cas de période plus sèche. A l'inverse, une ruche en bois aux parois plus fines n'aura pas ce rôle régulateur de l'humidité.

la température

Il en va de même pour la température. Les côtés d'une ruche font maximum 25 mm parfois même moins. En comparaison d'un tronc qui aura au moins dix centimètres d'épaisseur, la protection contre les écarts de température sera plus efficace.

Cela signifie aussi, que la colonie devra moins consacrer son énergie à la régulation thermique. Les risques de perte de couvain par période de grand froid au printemps sera ainsi minimisé.

la consommation de sucre en hiver

On voit parfois des colonies s'effondrer au printemps soit par consommation excessive de sucres impropres (nosémose), soit de famine.

Ces risques sont minimisés dans une ruche tronc puisque la consommation sera plus modérée, car moins d'énergie est consacrée à la régulation thermique ou hygrométrique.

l'absence de nettoyage des déchets

Dans nos ruches, la présence de tiroirs facilite le nettoyage des déchets tombés de la colonie au fil des saisons: pattes, cires, oeufs,ailes, cadavres ...

Dans une ruche-tronc naturelle, ces déchets restent au fond de la cavité. On pourrait croire que c'est néfaste à la colonie. Il n'en est rien car ces déchets vont donner naissance à une faune qui les consomme et qui interagit avec la colonie.
pseudoscorpion
En particuliers les pseudo-scorpions qui sont des prédateurs naturels du varroa. Dans nos ruches, ils ont disparu, car nous ne créons pas un milieu propice à leur développement et en plus, ils sont décimés par les acaricides utilisés pour se débarrasser des varroas.

l'essaimage

Bien sûr, ces colonies essaiment. C'est leur mode de reproduction naturel et est favorisé par le faible volume des cavités occupées.

Cet essaimage est positif pour la colonie car une partie des varroas partira avec l'essaim et la période sans couvain sera préjudiciable à la population de varroas tant dans la colonie essaimeuse que dans l'essaim.

la hauteur

Dans un tronc d'arbre, la colonie est positionnée à plusieurs mètres en hauteur. Elle est ainsi moins à la merci des prédateurs et ne subit pas l'humidité du sol. 

Vous me direz que les ruches tronc actuelles sont posées au-dessus du sol et que cet avantage disparaît. Je vous le concède bien volontiers mais les autres aspects restent valables en faveur des ruches-tronc.

La conduite


Le tronc doit être suffisamment volumineux pour abriter les abeilles au plus fort de la saison. L'essence choisie devait être dure pour résister aux intempéries. Pour évider le tronc avec les outils de l'époque, il fallait certainement beaucoup d'habileté et de patience. Le toit était fabriqué à partir d'une pierre plate qui présentait l'avantage d'emmagasiner la chaleur durant la journée et de la restituer à la colonie durant la nuit.

Le va et vient des abeilles était assuré en surélevant le tronc de quelques millimètres pour laisser le passage aux butineuses.

En hiver, cet espace pouvait être colmaté sur la plus grande partie par de la boue mélangée à de la paille pour éviter trop d'air dans la ruche.

Le support de ruche était constitué par des grandes dalles plates.

Le meilleur bois pour fabriquer les ruches tronc est le châtaigner en raison de sa dureté qui lui assure une grande longévité.

Dans le tronc, les abeilles construisent des rayons de cires qui ne sont pas parallèles. Certains apiculteurs donnent une direction aux constructions en insérant des baguettes enduites de cire au sommet du tronc juste en dessous du toit de la ruche.

La conduite de la ruche-tronc se limite à quelques visites.

La première au printemps pour couper les cires du haut afin de forcer la colonie à reconstruire les rayons. Cela oblige les abeilles à renouveler les cires.

L'apiculture en ruche-tronc ne permet pas de grandes récoltes. Il est seulement possible de récolter du miel au début de l'été pour permettre à la colonie de refaire ses réserves avant l'automne. Cette récolte se fait par le haut en découpant les cadres de miel qui seront pressés par la suite.

Les abeilles ont ensuite le temps de reconstituer leurs réserves avant l'hiver.

Des traitements anti-varroas sont possibles comme dans les autres ruches mais vous oubliez les techniques de blocage de ponte ou de découpe du cadres à mâles.

La fabrication

Il ne faut pas sous-estimer le travail pour la fabrication d'une ruche tronc.

Au départ d'un tronc d'au moins 60 centimètres de haut et de 45 cm de diamètre minimum, il faudra parvenir à l'évider. Le bois recommandé est le châtaignier pour sa dureté et la qualité de ses tanins qui sont garants de sa durabilité. 

Pour l'évider, utilisez des moyens mécaniques. Tarière puissante et tronçonneuse sont nécessaires. La finition peut se faire au ciseau à bois. Il ne faut pas une finition parfaite. Dans la nature, personne n'est passé avec du papier de verre pour peaufiner le travail.

Usage de la ruche tronc

Avec une ruche-tronc, vous ne ferez pas de grosses récoltes. On peut même imaginer d'avoir ce type de ruche et de laisser faire la nature. Dans ce cas, vous assisterez à des essaimages et le plus grand risque est le varroa.

Il est aussi possible de faire de petits prélèvements de brèches comme indiqué plus avant.

Pour aller plus loin dans la découverte des ruches-tronc, voici deux superbes livres sur le sujet.


 La ruche-tronc permet aux abeilles de retrouver leur instinct et leurs équilibres vitaux naturels. L'apiculture qui en découle - fixiste, c'est-à-dire sans cadres amovibles - est faite pour leur bien-être et leur santé. Ce livre est le fruit de l'expérience et de l'observation attentive et quotidienne des abeilles. La connaissance de leur vie et de leur rythme est en effet essentielle pour bien pratiquer l'apiculture en ruche-tronc. L'auteur, Henri Giorgi, accompagne le lecteur tout au long de cet apprentissage. Il donne des conseils pour bien commencer, avant de détailler les interventions utiles au fil des saisons : essaimage artificiel, récolte et enruchement d'un essaim, nourrissement… Il n'oublie pas, bien sûr, la récolte de miel, et propose des solutions aux divers parasites et maladies auxquels l'apiculteur pourra être confronté. Cet ouvrage est aussi un bon guide pratique pour qui veut posséder une ruche-tronc. Sa fabrication et les points clés de son entretien sont expliqués étape par étape et illustrés de nombreuses photos. Ainsi, chacun pourra vivre sa passion de manière autonome !

Et aussi :

Ruches de biodiversité: pour que l'abeille retrouve sa nature sauvage

Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter l'implantation d'une colonie d'abeilles dans notre jardin, sans pour autant vouloir en récolter le miel. Les ruches de biodiversité répondent à ce besoin ; les construire est facile, à la portée de tous et peu coûteux. Bernard Bertrand vous propose plusieurs modèles simples, à vous de choisir celui qui vous convient. Dans sa réflexion, il nous invite aussi à reconsidérer les causes profondes du mal-être des « mouches à miel » domestiques. Il nous propose de changer notre rapport à l'abeille, d'être plus respectueux de sa vie intime, pour lui permettre de renouer avec sa vraie nature sauvage. L'enjeu est de taille : mieux armée, l'abeille pourra à nouveau s'adapter et résister aux multiples agressions subies. 

Une lecture incontournable pour tous ceux qui veulent mener une apiculture sans production de miel.

Et vous, qu'en pensez-vous?

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